C‘est cela que certainement le tyran n‘est jamais aimé, ni n‘aime. L‘amitié, c‘est un nom sacré, c‘est une chose sainte. Elle ne se met jamais qu‘entre gens de bien et ne se prend que par une mutuelle estime. Elle s‘entretient non tant par bienfaits que par une vie vertueuse. Ce qui rend un ami assuré de l‘autre, c‘est la connaissance qu‘il a de son intégrité ; les répondants qu‘il en a, c‘est son bon naturel, la foi et la constance. Il n‘y peut avoir d‘amitié là où est la cruauté, là où est la déloyauté, là où est l‘injustice. Et, entre les méchants, quand ils s‘assemblent, c‘est un complot, non pas une compagnie. Ils ne s‘entr‘aiment pas, mais ils s‘entre-craignent ; ils ne sont pas amis, mais ils sont complices.

de: "Discours de la servitude volontaire"