Certes, comme le feu d‘une petite étincelle devient grand et toujours se renforce, et plus il trouve de bois plus il est prêt d‘en brûler, et, sans qu‘on y mette de l‘eau pour l‘éteindre, seulement en n‘y mettant plus de bois, n‘ayant plus rien à consumer il se consume soi-même, et devient sans force aucune et n‘est plus feu, pareillement les tyrans, plus ils pillent, plus ils exigent, puis ils ruinent et détruisent, plus on leur donne, plus on les sert, de tant plus ils se fortifient et deviennent toujours plus forts et plus frais pour anéantir et détruire tout, et, si on ne leur donne rien, si on ne leur obéit point, sans combattre, sans frapper, ils demeurent nus et défaits, et ne sont plus rien, sinon que, comme la racine n‘ayant plus d‘humeur, ou aliment, la branche devient sèche et morte.

de: "Discours de la servitude volontaire"